Novembre 2012 – Paris et monde – avec La Voix De l’Enfant
15 délégations de pays différents, des 5 continents, arrivent en France dans deux semaines pour vivre une semaine intense en rencontres et découvertes ! Avec des ateliers Korhom sur la citoyenneté tous les matins et des rencontres sportives tous les après-midis, ces enfants vont pouvoir vivre l’interculturel en grandeur nature…
Découvrez cette semaine en images et en récits :
1er jour d’atelier : se rencontrer !
Découvertes et surprises ! Les enfants se disent bonjour dans toutes leurs langues : espagnol, portugais, hindi, népalais, bosniaque, roumain, arabe, hébreu… et français ! Pas facile de retenir tous les prénoms mais nous prenons le temps.
À regarder ces étoiles d’enfants, nous entendons :
Chaque étoile est différente, il n’y en a pas une seule pareille comme nous, nous sommes tous différents.
Oui, mais ce sont toutes des étoiles, elles ont toutes la même forme comme nous, nous sommes tous humains.
En fait, on peut se ressembler en apparence mais on ne peut pas être les mêmes à l’intérieur, même des jumeaux, ils sont différents dans leur caractère.
Moi je connais des frères qui se ressemblent et ils se comportent toujours pareil et essayent de faire les mêmes choses.
Que de sujets de réflexion !
2ème jour d’atelier : s’exprimer !
Sur le thème de la citoyenneté… mais que veut dire ce mot ? Solidarité, communauté, droit d’apprendre, liberté d’expression, appartenance à une terre, humanité, liberté, amitié, protection de la planète, sensibilité, droits, vie, vote… Beaucoup de choses dans ces petites têtes ! Nous jouons avec des phrases de tous les jours, des situations, des questions, et les avis sont parfois vraiment différents. Par exemple, regarder la télé, c’est citoyen ?
Pour les français… Oui ! parce que tout le monde regarde la télé, parce qu’il y passe des gens importants comme le président de la France mais aussi d’autres pays. Et puis parce qu’on peut y voir des choses qui nous donnent envie d’agir, comme la catastrophe à Haïti qui nous a donné envie de faire une action pour aider les gens de ce pays.
Mais pour les Argentins… Non! parce que regarder la télé, c’est rester chez toi tout seul enfermé alors qu’être citoyen, c’est aller dehors, rencontrer d’autres gens en vrai et faire partie d’une communauté.
Et faire des cadeaux à ses parents, c’est citoyen ? Et faire du sport ? et apprendre une langue étrangère ? et lire le journal ?
Après le jeu et les discussions liées, les enfants réalisent des affiches qui nous racontent la citoyenneté. Bravo à eux ! à demain…
3ème jour d’atelier : expérimenter !
Aujourd’hui, on va vivre la citoyenneté… Recevoir un salaire mais pas tous le même, payer des impôts mais dans une des villes, tout le monde paye pareil et dans une autre les pauvres payent moins que les riches, tomber malade sans qu’il y ait d’hôpital, subir une grève de professeurs, aller à la mairie pour un conseil municipal et proposer des nouvelles choses pour la ville, mais à payer avec l’argent de la ville donc nos impôts ! Et il faut que tout le monde soit d’accord ! Un grand jeu qui fait rire les enfants et surtout qui créé des réactions tellement étonnantes… La plupart sont extrêmement impliqués pour avoir une belle ville, ils font des donations. Lorsque l’un d’entre eux perd son emploi et ne touche plus son salaire, toute la ville se réunit au Conseil Municipal et décide de créer un fond pour l’emploi ! Certains protestent : Mais ce n’est pas juste qu’il déménage et arrive dans notre ville ! Nous avons payé plein de choses avec notre argent, nos impôts et nos donations, et lui va en profiter alors qu’il n’était pas là avant ! D’autres veulent rajouter des règles du jeu : est-ce que dans notre ville on peut créer une loi pour que tout le monde ait le même salaire ?
Le plus drôle, c’est que les enfants sont extrêmement attachés à certaines thématiques qui pourtant, concrètement sur le jeu, ne sont pas les plus « rentables » pour gagner… Ils veulent tous construire rapidement un orphelinat ou un foyer pour sans abris par exemple. Ils préfèrent avoir beaucoup de « bonheurs » plutôt que beaucoup de billets…
Nous discutons de ce jeu : qu’est-ce que vous avez trouvé juste ou injuste ? Est-ce que certains ont souhaité changer de ville pendant le jeu, pourquoi ? Quelles sont les cases qui existent ou qui n’existent pas dans votre pays ?
Les enfants réfléchissent aux différentes problématiques soulevées et s’expriment sur ce qu’ils ont ressenti pendant le jeu et sur ce qu’ils pensent suite à cela : dans votre pays / votre ville, est-ce que vous avez les mêmes infrastructures ou services que dans ce jeu ? Quelles sont les différences ?
Beaucoup nous expliquent qu’il n’y a pas le système de chômage ou de retraite dans leur pays, d’autres nous parlent des enfants des rues, très nombreux. Chacun découvre les différentes réalités de ses voisins… et prend conscience des siennes !
4ème jour d’atelier : créer !
Après avoir vécu en grandeur nature la citoyenneté dans une ville, les enfants construisent leur ville citoyenne idéale ! Attention : il faut penser à tout le monde car n’importe quelle personne qui arriverait doit pouvoir se sentir bien. Les enfants s’attèlent passionnément à la construction de cette ville… Mais la surprise, c’est qu’une fois les villes construites, nous lisons l’histoire d’Alice et Basile : vont-ils pouvoir vivre dans leur ville étant donné tout ce qui leur arrive ? Lorsqu’Alice se casse la cheville, peut-elle aller à l’hôpital ou est-ce que ça n’existe pas dans votre ville ? Et lorsqu’ils se marient, où vont-ils ?
Les enfants sont surpris, rient, et surtout font tout ce qu’ils peuvent pour pouvoir faire survivre Alice et Basile dans leur ville…
Alors, est-ce facile de penser à tout le monde ? de tout prévoir ? est-ce que si on avait raconter une histoire différente, on se serait aperçu qu’il manque d’autres choses ? Est-ce qu’il y a des choses qui n’ont pas été utilisé dans votre ville ?
Au Népal, dans notre village, il n’y a pas de mairie alors ce sont les habitants qui s’assemblent et chaque famille donne un peu d’argent pour collecter et réaliser quelque chose de nécessaire.
En Palestine, dans notre ville, nous pouvons passer toute une journée à nettoyer les rues tous ensemble. En Inde, nous pouvons aller à la mairie pour dire ce qui ne va pas et ils vont régler le problème. S’il ne le font pas, alors nous pouvons écrire un article dans le journal.
5ème jour d’atelier : agir !
Est-ce qu’il est possible de se souvenir de tout ce qu’on a fait depuis le premier jour ? Tous les jeux mais aussi toutes les discussions, toutes les choses que l’on a découvertes ou apprises ? Si on devait garder 3 mots pour la citoyenneté, quels seraient-ils ? Chaque délégation choisit ses mots avec soin même s’il n’est pas facile de se mettre d’accord !
Puis, les enfants construisent un projet pour leur centre ou leur quartier qui pourra améliorer ou mettre en valeur l’un des thèmes choisis… Ça donne :
Pour la Palestine : COMMUNIQUER ET SE RENCONTRER
Notre projet va s’appeler « a cup of coffee ». Nous allons mettre des affiches dans le quartier pour inviter les gens à venir prendre une tasse de café et discuter avec nous. Nous allons demander à Abu Ahmad de nous prêter le balcon de son café pour que l’on s’y installe. On pourra raconter la fratcup !
Pour l’Argentine : S’EXPRIMER ET S’ÉCOUTER
Nous allons décider d’enfants parmi nous qui seront délégués et qui pourront parler directement aux directeurs du centre car pour l’instant, nous n’avons jamais de temps pour dire ce qu’on pense du centre. Nous pourrons faire des propositions et travailler avec les adultes pour la vie du centre.
Pour la France (Hors la Rue) : ÊTRE ENSEMBLE ET S’ENTRAIDER
Le jeudi, nous allons mettre en place des cours de self-défense et de secourisme. Cela pourra être une fois sur deux. Aussi, nous allons ranger le centre et mettre des affiches pour qu’il reste propre et pour que ce soit toujours agréable d’y venir.
Pour le Népal : AVOIR UN JOLI QUARTIER
Dans notre bidonville, il n’y a pas de toilettes et les ruelles sont très sales. Nous souhaiterions apprendre aux autres enfants du club à aller dans un petit lieu qui serait exprès et qui pourrait servir de toilettes. Aussi, nous voulons organiser un tour de rôle pour nettoyer le terrain où l’on joue.
Pour l’Inde : PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT
Nous voulons installer des poubelles différentes pour le plastique et pour la nourriture ou le reste. Nous mettrons aussi des affiches pour expliquer aux gens comment trier et pour leur expliquer que cela fera moins de fumée noire lorsqu’on brûle les poubelles.
Pour Madagascar : ÊTRE SOLIDAIRE
Nous voulons créer un club d’enfants pour faire des activités ensemble. Nous allons faire des affiches pour le quartier et tous les enfants qui veulent s’inscrire pourront. Nous organiserons une petite fête pour récolter un peu d’argent pour nos activités.
Et beaucoup d’autres projets… à suivre !
6ème jour d’atelier : bon voyage !
Aujourd’hui, une petite nostalgie flotte… C’est notre dernier atelier avec les enfants. Nous aurons tout de même demain, la soirée de gala durant laquelle toutes leurs productions seront exposées alors ce n’est pas encore complètement la fin.
Une dimension universelle de la citoyenneté est ressortie tout au long de cette semaine, quelques soient l’âge ou la nationalité des enfants, c’est la SOLIDARITÉ. Aider les autres, s’entraider sont des verbes qui sont sans cesse revenus, pour tous. Alors nous choisissons pour cette dernière matinée de faire des jeux de solidarité ou plus précisément de coopération, pour être ensemble et pour commencer à découvrir ce que solidarité peut vouloir dire concrètement. Mais la coopération nécessiterait à son tour 6 ateliers au moins ! De quoi s’exprimer, expérimenter, créer, et agir :-)
Nous faisons le tour de ce que les enfants ont envie de dire sur cette semaine. Qu’ont-ils découvert ? Qu’est-ce qui les a surpris ? Que retiendront-ils en repartant chez eux ? Quelques paroles d’enfants :
« moi c’est la fraternité, j’ai compris ce que ça voulait dire, avant je le savais comme ça, même que ce mot c’est sur toutes les écoles alors je le connaissais, mais je ne savais pas ce que ça voulait dire en fait, je ne savais pas ! » (France)
« j’ai découvert que des fois, j’étais sûr et certain d’une chose et en fait, une autre délégation avait une autre opinion. J’ai découvert qu’on pouvait avoir des points de vue différents » (Palestine)
« ce qui m’a plu, c’est qu’on a pu parler de façon agréable même quand on n’était pas d’accord. Quand on n’est pas d’accord, normalement, on n’est plus amis mais là, on pouvait ne pas être d’accord et en fait, c’était quand même marrant et on s’entendait bien quand-même » (Inde)
« j’ai appris que payer des impôts, ça pouvait améliorer la collectivité, je n’y avais jamais pensé et c’est ce que j’ai bien aimé dans le jeu » (Népal)
« Ce que j’ai appris, c’est à écouter » (Israël)
« J’ai appris à être gentil. En fait, ce n’est pas facile d’être gentil en vrai, c’est même super difficile mais je sais ce que c’est maintenant » (France)
« C’était bien ce qu’on a fait parce que maintenant, je sais ce que ça veut dire la citoyenneté. Je peux donner des exemples concrets, dans ce qui se passe tous les jours et ça me donne des idées de choses à faire chez moi ». (Argentine)
Nous ne pouvons mettre tous les retours d’enfants. Nous avons choisi ceux qui nous ont le plus touchés parce que ce sont ceux qui paraissent les plus simples, les plus évidents (qui ne saurait être gentil ? qui ne connaît pas le mot fraternité ?) et là est tout le sens de notre travail, l’objet même de ce que nous espérons : rendre des mots simples et évidents de tous les jours vécus comme concrets, comme une réalité ressentie en soi, ce qu’on appelle des prises de conscience. Lorsque l’on a une prise de conscience, un « déclic » ressenti en nous en dehors de toutes leçons extérieures de morale, alors c’est à vie. C’est quelque chose qui reste encrée pour toujours et qui se traduit dans toute notre attitude, au quotidien.
Il nous a semblé que beaucoup d’enfants aient eu de véritables « déclics » durant cette semaine extraordinaire, et c’est la plus belle des récompenses pour nous !
La soirée de Gala
Tous les enfants sont réunis à la Mairie du 20è. Au programme, chants, danses, remises de trophées pour tous leurs matchs de foot et bien sûr, exposition sur la citoyenneté ! Des enfants viennent dire au micro quelques mots sur ce que ça représente, pour eux, d’être citoyen.
Nous fêtons ensemble l’anniversaire de Stéphane Hessel, avec tous les enfants et un gros gâteau. Stéphane fait passer un message fort de solidarité. C’est un vieux monsieur nous dit-il, mais encore assez jeune pour nous souhaiter à tous de vivre la solidarité et la citoyenneté chaque jour, entre nous, comme sur cette Fraternity Cup !
Au-revoir les enfants !